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Les librairies des femmes

Imaginez de pouvoir entrer dans une librairie complètement composée par des livres sur les sujets les plus disparates et écrits seulement par des femmes, mais pourrait ça déjà être possible?


La première librairie Des femmes a ouvert ses portes en mai 1974 à Paris, au 68 rue des Saints-Pères, dans le VIIe arrondissement ; il s’agissait d’une simple boutique verte, très belle et accueillante, décorée par des plantes et des fleurs, tenue par des militantes qui deviennent libraires occasionnelles. À l’intérieur on pouvait consulter une grande quantité des livres écrits par des femmes, parmi lesquels aussi «les Editions des femmes», par le MLF-Psychanalyse et Politique fondé et animé par Antoinette Fouque depuis 1968, et des livres et des revues en langues étrangères.

Grâce à la publicité des journaux et à son aspect caractéristique, cette librairie devient en peu de temps un lieu de rencontre et de parole, centre de ressources culturelles et universitaires, rendez-vous d’information et de mobilisations, pas seulement pour les femmes, mais aussi pour les hommes qui sont courriaux de découvrir le mouvement de civilisation qui s’y manifeste.


En 1980, la librairie parisienne déménage au 74, rue de Seine, dans le VIe arrondissement en s’agrandissent pour devenir aussi une galerie des femmes, où de nombreuses artistes exposeront leurs œuvres, parmi lesquelles Kate Millett, une écrivaine américaine engagée dans le féminisme, Sonia Delaunay, une artiste peintre française d'origine ukrainienne, Tina Modotti, considérée comme une des plus grandes photographes italiennes du XXème siècle, Popy Moren, importante créatrice de mode, et Françoise Gilot, une artiste peintre et écrivaine française qui a aussi été compagne et muse de Picasso. L’objectif était celui d’influencer la condition des femmes artistes, alors sous-estimées et parfois même dénigrées.


Aujourd’hui la librairie parisienne se trouve en 35 rue Jacob, dans la rive culturelle, la rive gauche, et est désormais dédiée aux expositions, lectures, rencontres et débats, et aux Editions des femmes-Antoinette Fouque.

Mais ce type particulier de librairies n’existe pas, bien sûr, seulement en France, en effet différentes villes comme Milan, Padoue et Rome ont suivi l’exemple de Paris et ont créé personnellement leurs lieux de réunion, de dialogue et de lecture dédié aux femmes.

Tandis que la librairie de Milan organise nombreux évènements culturels, celles de Padoue («Librati») et de Rome («Tuba») offrent respectivement un cours de création littéraire et d’écriture autobiographique et la possibilité de déguster des vins biologiques et une part de gâteau artisanal.


Cette dernière sert aussi de point de référence pour la communauté LGBT afin de lutter contre les discriminations de genre, orientation sexuelle, race et religion.

Les créatrices de ces espaces au féminin affirment que même si «La société libérale et individualiste nous trompe de pouvoir réaliser tous en nous donnant l’impression d’avoir atteint une émancipation complète» on doit continuer à lutter contre la patriarchie qui «écrase les garçons eux-mêmes en leurs demandant d’obtenir prestations déterminées».

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